Je reviens du Colloque 2015 de l’Association québécoise du codéveloppement professionnel qui avait lieu à Montréal la semaine dernière. J’ai eu le bonheur de découvrir M. Gilles Brouillette, Ph.D., cofondateur et président de l’Institut de formation transformationnelle, qui était conférencier invité et qui nous a parlé de conscience, modèles mentaux et présence attentive.
Ses études l’ont amené à découvrir que la majorité des gens (95%) répondent automatiquement aux situations de la vie par mécanismes de pensées, de comportements et d’actions. C’est-à-dire que l’on agit de façon spontanée (pour ne pas dire réactive) dans 95% des cas et la « trame en arrière-scène » qui définit nos pensées, comportements et actions, trouve sa source dans ce que nous avons appris et vécu émotionnellement, donc de nos interprétations passées et bien souvent de notre enfance.
Ce qui veut dire qu’environ 5% de la population vit de façon consciente et est pleinement attentive à ses réactions internes (émotions, sensations corporelles, intuitions) et externes (contexte de l’environnement, les interprétations et les faits en jeu). Cette catégorie d’individus a donc une longueur d’avance par rapport à leur évolution. Ces personnes sont conscientes des pièges de l’interprétation. Elles écoutent ce qui se passe intérieurement et prennent le temps de se poser de bonnes questions avant d’agir/réagir, car elles savent que de rester sur le chemin des faits permettra une évolution de la situation.
Selon M. Brouillette, il n’existe que deux dimensions de la réalité. Les faits (objectivité) et l’interprétation (subjectivité) :
- La plupart du temps, nous vivons dans un monde d’interprétations.
- La plupart du temps, nous n’en sommes pas conscients.
- La plupart du temps, nous tenons nos interprétations comme étant les faits.
- Nos interprétations donnent un sens à ce qui est observé (circonstances, personnes, événements) les faisant apparaître comme étant la réalité.
- Nos interprétations déterminent les limites du possible (donc, elles limitent les nouvelles façons de régler les situations).
- Nos interprétations dictent nos attitudes, nos comportements et nos actions.
- Beaucoup de problèmes viennent avec le fait que l’on s’identifie à nos modèles mentaux, car on prend NOTRE vérité pour LA vérité.
Lorsque vous êtes en mode « interprétation », votre pensée est inconsciente, automatique et répétitive. Comme une interprétation est un regard subjectif que vous posez sur une situation « x » et une signification que vous donnez à l’événement à cause de vos croyances et valeurs, vous êtes convaincu que c’est la réalité et la vérité. Votre mental en est convaincu, car selon VOUS, selon VOS valeurs et croyances, c’est LA vérité.
À l’inverse, lorsque vous prenez un temps d’arrêt par rapport à une situation « x » et que vous créez de l’espace pour en faire ressortir les faits, vous empruntez un chemin différent de la réactivité (et de votre subjectivité!) : vous amenez la conscience à bien jouer son rôle et vous donner de nouvelles informations par la réflexion, l’introspection, le recul, la respiration (mindfulness). C’est ce qu’on appelle « l’espace d’éveil » où vous pouvez « contourner » votre bagage d’interprétations naturelles et créer un nouvel espace de création et de transformation consciente pour arriver à de nouvelles pistes de réflexions, de solutions et de résultats.
Aujourd’hui, il est essentiel de développer le leadership personnel des gestionnaires, car ils ont avant tout la responsabilité de créer un capital relationnel au sein de leurs équipes et ensuite de développer les compétences de leurs ressources humaines (et les leurs!). Dans un contexte où tout est rapide, on perd de vue l’importance et la puissance d’une écoute et d’une présence attentive et l’on manque plusieurs occasions de faire évoluer les situations d’une façon plus objective, plus facile et plus efficace. Bref, différemment de ce que la culture organisationnelle prône bien souvent.
Si vous désirez devenir un gestionnaire-leader plus conscient et plus attentif à ce qui se passe en vous et autour de vous, il est essentiel de d’abord réaliser qu’il est impératif aujourd’hui de développer de nouveaux réflexes de leadership et de mettre en priorité des périodes de réflexion et d’introspection à votre quotidien afin d’améliorer vos capacités d’écoute, d’objectivité et de présence attentive et inspirante!
Exercice du coach : cette semaine, je vous invite à développer votre présence attentive. Observez les pensées récurrentes qui vous habitent : quelles sont les interprétations que vous avez l’habitude d’avoir en ce qui concerne les événements qui se passent autour de vous? Quelles sont les croyances qui vous habitent par rapport à vos employés, votre supérieur immédiat, vos collègues et l’organisation? Comment celles-ci vous influencent-elles négativement? Si vous aviez à refaire l’exercice sans vos interprétations, quels faits réels restent? Quels nouveaux faits pourriez-vous commencer à intégrer dans votre « trame arrière-scène » pour faire émerger de nouveaux chemins de résolutions de problèmes?
Passez une excellente semaine à étudier les faits!
Chaleureusement,
Chantal
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