Savoir mobiliser en période de chaos

Plusieurs des gestionnaires que je coache m’ont partagé dernièrement avoir des défis à mobiliser leur personnel à travers les différents changements qui ont lieu dans leur entreprise et organisation. J’ai donc pensé qu’il serait utile d’aborder ce sujet ici. 🙂

À un moment donné ou un autre, vous allez tous vivre une période de chaos dans le changement – parfois courte, parfois plus longue – et c’est NORMAL. Vous et les membres de votre équipe perdez vos points de repère, vos habitudes et peut-être votre expertise à court terme, car le présent et le futur escomptés ne sont plus les mêmes. Il est donc normal que les membres de votre équipe s’accrochent au passé tant que le futur n’est pas totalement clair et que les nouvelles règles du jeu au présent ne soient pas encore testées et validées.

À titre de leader, la première règle à adopter est donc d’accepter que tout ça vienne avec la transformation. Au Québec nous utilisons souvent l’expression « on ne peut faire d’omelettes sans casser des œufs » pour exprimer cette réalité. Alors, la première question que j’ai pour vous si vous vous reconnaissez dans cette situation est : comment percevez-vous et ressentez-vous ces changements? Si vos réponses sont de nature inquiète, non confiante, réfractaire, il sera très difficile de mobiliser vos gens, car vous n’êtes pas du tout dans l’espace émotif pour ce faire et les gens vont le ressentir. Alors où devez-vous ramener votre attention pour nourrir l’espoir et la confiance dans ce processus? C’est en faisant ce virage intérieur que vous serez crédible et inspirant auprès de vos employés.

Ça me fait penser à lorsque nous entreprenons des rénovations à la maison. Par exemple, si vous savez que vous devez refaire la cuisine et la salle de bains, car elles ne répondent plus aux besoins de la famille, vous savez que c’est le choix à faire, mais ce n’est peut-être pas de gaieté de cœur que vous allez entreprendre ces travaux puisque vous avez une petite idée de tout ce que ça engendrera comme efforts et sacrifices. Pendant les travaux, vous aurez à vivre sans électricité, sans eau, dans le désordre, vous n’aurez pas de contrôle sur tous les imprévus qui se présenteront, vous aurez peut-être à revoir vos plans, votre budget et à faire des deuils. Bref, ça peut être le bordel pendant un bon bout et vous aurez à faire face à une gamme d’émotions, allant de la joie et l’espoir en passant par la frustration et la déception en revenant vers l’optimisme et enfin un sentiment de satisfaction et de fierté!

Est-ce des raisons suffisantes pour renoncer à faire ces travaux? Si vous mettez l’accent sur les difficultés, les imprévus, l’ambiguïté, le découragement, ils s’amplifieront dans votre esprit et vous allez perdre de vue la raison première et la justification de ces travaux. Vous ne verrez plus la vision du départ, les bénéfices qui en découleront et la nouvelle zone de confort qui, invariablement, va prendre place dans le temps. Il est facile de perdre le cap et la vision globale (big picture) lorsque l’on focalise sur l’arbre devant soi au lieu de la forêt, l’arbre étant vos défis et la forêt, le projet une fois terminé.

À la lumière de cet exemple, on s’aperçoit que ce processus est loin d’être linéaire et à un rythme régulier. Il y du changement à l’intérieur même du changement! La prise de conscience à faire est de se demander qu’elles sont mes attentes (envers moi, mes employés, l’organisation) durant cette période de chaos? Faites-vous une faveur, soyez réalistes et retenez que ce n’est pas tout le monde qui réagit et qui s’adapte de la même façon et au même rythme.

Ce que les humains ont le plus besoin en période de chaos est simple : un endroit pour exprimer ce qu’ils vivent intérieurement face à ce qu’ils ressentent, à ce qu’ils perdent et face aux peurs du comment, du qui, du quoi et du quand. Et votre rôle est de leur donner des moments réguliers pour ce faire. La clé pour vous est votre qualité de présence et d’écoute : si vos employés sentent que vous les écoutez authentiquement, avec compassion et empathie, vous venez immédiatement d’enlever le poids énorme qu’ils portent à l’intérieur d’eux. Ils voyageront donc plus légers pour faire le voyage de la transformation, et vous aussi par le fait même.

Vous n’aurez probablement pas toutes les réponses, ni les solutions pour eux. Et ce n’est pas votre rôle non plus. Vous n’êtes ni le Bon Dieu ni le Directeur général de l’Univers. Mais vous êtes le point de repère le plus solide que vos employés ont dans les circonstances et c’est votre responsabilité de vous solidifier émotionnellement pour être en mesure de les écouter sans jugement, les appuyer en leur faisant voir la vision globale et certains angles morts qu’ils ne verraient pas, les encourager (sans faire de fausses promesses!) et les guider en leur posant des questions de coaching au lieu de leur dire quoi faire.

Exercice du coach : cette semaine, où sentez-vous que vous auriez intérêt à vous solidifier intérieurement pour faciliter le chaos pour vous et vos employés? Où devez-vous tous ramener votre centre d’attention pour continuer d’être inspirés et confiants dans le processus? Quelle entente pouvez-vous faire avec vous-même d’abord et ensuite avec vos employés pour ramener de l’harmonie, de la joie et de l’espoir au quotidien?

Bonnes réflexions et bonnes conversations!

Chaleureusement,
Chantal

© Tous droits réservés. Ce texte a été créé et rédigé par Chantal Binet – Coach Inc. Si vous souhaitez le partager, nous vous demandons de le publier dans son intégralité et en totalité en citant sa source.